Préparation du traité international sur la pollution plastique : Le CEARC rencontre le Ministre de la Transition écologique

Le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires prépare le CNI-2 (2ème comité de négociation intergouvernemental) qui se tiendra à Paris du 29 mai au 2 juin 2023.

Le mardi 16 mai 2023, le ministre, Christophe Béchu, a invité à déjeuner une délégation de 7 scientifiques membres du GDR Polymères & Océans issus de différents domaines (chimie, physique, biologie, et économie). Le CEARC (representé par Mateo Cordierla rencontre avec le ministre a été préparée en amont avec l'aide de Juan Baztan afin de construire un argumentaire robuste sur le plan scientifique pour aller vers un traité efficace sur le plan écologique) était présent. Pendant 1h30, le ministre a écouté chacun d'entre les chercheur·euses et a exposé son plan de négociation pour le traité sur le plastique. Dans la soirée, le ministre a également invité les 7 scientifiques à participer à un débat public avec 100 représentant·es de la société civile, du secteur privé (y compris les lobbies du plastique), des associations environnementales et des journalistes.

Fin mai, lors du CIN-2, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires invitera une centaine de ministres d'autres pays dans le but de :

  • plaider en faveur d'un traité contraignant.
  • plaider en faveur d'objectifs de réduction : réduction de la production de plastiques, c'est-à-dire non seulement réduire la production de déchets mais aussi la production de produits en plastique.
  • soutenir que le recyclage chimique et physique n'est pas la solution (en raison des effets écologiques négatifs tels que la consommation élevée d'énergie, l’usage de produits chimiques toxiques, etc.), ce qui va de pair avec l'idée que parmi les 4 R de l'économie circulaire (Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler), le premier (Réduire) doit être favorisé en premier lieu.
  • plaider en faveur d'une liste restreinte d'additifs chimiques autorisés (aux impacts sanitaires et écologiques moindres), rendant " non autorisés " tous les autres additifs ; plaider également en faveur de la transparence des additifs présents dans chaque matière plastique, actuellement cela n’est pas indiqué sur les produits en plastiques et n’est pas dévoilé par les industriels.
  • plaider en faveur de la création d'un fonds par les pays à hauts revenus pour aider financièrement les pays à faibles et moyens revenus à investir dans des solutions pour réduire la pollution plastique (ex. : investir dans des équipements de collecte et de traitement des déchets plastiques).
  • plaider en faveur de la fixation d'objectifs de réduction obligatoires en valeurs absolues (c'est-à-dire des réductions de la pollution plastique en millions de tonnes) et non en objectifs relatifs (c'est-à-dire des réductions de la pollution plastique en millions de tonnes par euro du PIB, la réduction du pourcentage de déchets plastiques mal gérés par rapport au total des déchets solides municipaux, etc.). Les objectifs relatifs ne fonctionnent pas en raison de la croissance constante du PIB et du total des déchets municipaux solides, ces deux croissances annulant complètement les réductions relatives.

La France semble prendre une direction très ambitieuse pour un traité fort et contraignant (du moins dans les déclarations officielles). Cependant, comme l'a souligné le ministre lui-même, il est relativement facile de se mettre d'accord entre nous en France. Il sera par contre beaucoup plus difficile de négocier avec les 190 autres pays lors de la réunion de la CNI-2. L'une des stratégies proposées par le ministre consisterait à concevoir le traité de manière à ce qu'il puisse être adopté dès que 50 à 60 pays l'auront ratifié. Si nous devons attendre la ratification des 190 pays, cela prendra des décennies. Il demande à la « Coalition Scientifique pour un Traité Efficace sur les Plastiques » (regroupement international de chercheurs dans lequel sont impliqués des scientifiques du CEARC et du GDR Polymères & Océans) de pousser ces arguments dans chacun de leurs pays et de convaincre leurs gouvernements d'aller ensemble dans cette direction. Selon lui, si plusieurs pays soulèvent les mêmes arguments, il sera plus facile de les mettre en œuvre dans le traité.