Séminaires d’Économie des Transports : Analyse de la demande de mobilité à l’épreuve des crises
Le Séminaire d’Économie des Transports du laboratoire aménagement économie transports regroupe tous les mois des chercheur·euses autour de la présentation des travaux d’un· chercheur·euse invité·e. L’objectif de ce séminaire est de renforcer l’émulation scientifique au sein du laboratoire et de créer ou renforcer les collaborations avec les chercheurs invités et leurs laboratoires respectifs.
Ils accueillont Julie Bulteau le jeudi 25 mai 2023 de 14h à 16h en salle Doc/LAET (14 avenue Berthelot, 69007 LYON).
Analyse de la demande de mobilité à l’épreuve des crises
Résumé : Cette présentation se déroulera en deux temps.Une première partie intitulée : COVID, confinement et genre : l’impact des mesures des politiques publiques sur les schémas de mobilité en France sera présentée. L’objectif de cette étude (réalisée dans le cadre du projet ANR COVICO) est de mesurer et d’analyser les conséquences des politiques de santé publique sur les déplacements à travers le prisme du genre. Un questionnaire spécifique a été diffusé, l’échantillon total est composé de 3000 répondants répartis entre deux régions : Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes (France). Le comportement de déplacement a été quantifié à l’aide de trois indicateurs de mobilité : le nombre de déplacements quotidiens, la distance quotidienne parcourue et le temps de déplacement quotidien que nous avons régressés sur des variables explicatives individuelles et contextuelles. Deux périodes ont été étudiées : celle du confinement (du 17 mars 2020 au 11 mai 2020), où un modèle de type Hurdle, a été choisi et celle du post-confinement (période de couvre-feu : janvier-février 2021), où un modèle de régression de Poisson a été utilisé. Nos résultats montrent : (i) une différence statistiquement significative entre les sexes sur les trois indicateurs de mobilité. (ii) Le degré de mobilité est particulièrement sensible à l’accès à la voiture, selon une différence de genre. Pour la période post-confinement, nos résultats montrent que (i) les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d’effectuer un nombre plus élevé de déplacements quotidiens (résultat que le confinement avait inversé) ; (ii) Ne pas avoir de voiture ou n’en avoir qu’une seule dans le ménage impacte la mobilité des femmes pendant la période de couvre-feu ; (iii) Sur l’échantillon total, le nombre de déplacements augmente avec le nombre d’enfants, quel qu’il soit. Enfin, les femmes ont certes retrouvé une certaine mobilité, mais sans atteindre le niveau d’avant le confinement.
Une deuxième partie présentera les résultats préliminaires d’une étude réalisée dans le cadre du projet « Changements de comportements de mobilité post COVID-19 » COMOPOCOV (projet MSH Paris-Saclay). Les politiques publiques sanitaires de restrictions et de distanciation sociale afin de protéger la population ont impacté la mobilité quotidienne des français à court terme. Mais qu’en est-il à plus long terme ? L’évolution forcée ou choisie des comportements de mobilité liée à la crise sanitaire a-t-elle produit des conséquences allant dans le sens d’une transition écologique et sociétale ? L’objectif était de caractériser ces changements de comportements et de s’interroger sur leur persistance. Nos analyses portent sur un échantillon de 1002 franciliens. Deux périodes sont prises en compte : avant confinement et période actuelle (post-confinement-décembre 2022), les indicateurs utilisés pour caractériser les évolutions de mobilité sont les suivants : nombre de déplacements domicile-travail par semaine, mode principal utilisé pour les déplacements domicile-travail et mode principal utilisé pour les déplacements achats alimentaires/et non alimentaires. Nous avons créé des profils d’évolution de mobilité et les avons caractérisés puis mis en relation avec des profils de territoires, eux-mêmes principalement basés sur deux variables : un indicateur d’accès aux transports « verts » pour caractériser l’environnement bâti, et un indicateur de défaveur sociale (FDep, Rey et al., 2009) pour caractériser l’environnement socio-économique. Enfin, les profils individuels sont également croisés avec la sensibilité aux incitations économiques (prix de l’énergie, taxe carbone).