Soutenance de thèse de Michaël Delaunay

« Internet dans l’Arctique canadien, enjeu de Soft Power pour l’État fédéral et les Inuit »

Michaël Delaunay

Mercredi 24/11/2021 à 15h

OVSQ Amphi Mégie

 

Résumé :

Alors que l’Arctique, du fait des effets du réchauffement climatique, pourrait bien devenir une nouvelle route de l’internet mondial et connecter 70% des internautes de la planète, le Canada lui se détourne des projets de câbles internet transarctiques. Ceux-ci, convoités par la Chine et la Russie, apparaissant pourtant stratégiques et comme pouvant servir d’outil d’influence et d’affirmation de la souveraineté canadienne dans l’Arctique. Bien que finançant le réseau au Nunavut, au travers du champion national du satellite Telesat, le gouvernement fédéral canadien ne retire pas d’avantages du contrôle d’un réseau de télécommunications par satellite sous dimensionné qui connecte le Nord. En faisant cela, le Canada laisse la place à d’autres, comme à la Chine ou à la Russie, le loisir de développer des projets transarctiques dimensionnants pour l’internet mondial, et ainsi la possibilité pour ces pays de peser dans l’avenir sur la gouvernance de l’internet mondial depuis l’Arctique. L’absence de stratégie à long terme dans le domaine de la connectivité et le choix historique du satellite pour connecter le Nord décidé par le gouvernement fédéral canadien, a encore aujourd’hui des répercussions sur la façon dont les Inuit peuvent ou non se connecter à Internet. Dans le même temps et au contraire du gouvernement fédéral canadien, les Inuit du Nunavut se sont eux appropriés internet, et notamment les réseaux sociaux, et l’utilisent à leur avantage tel un outil d’émancipation et d’empowerment dans le domaine culturel et économique, mais aussi comme un outil de Soft Power dans le domaine politique. En effet, malgré un accès à internet très limité du fait du manque d'investissements chronique dont souffre le Nord canadien, les Inuit se sont emparés de cet outil pour servir leurs besoins du quotidien, mais aussi leurs intérêts, qu'ils soient locaux, régionaux, nationaux voire internationaux. Internet semble être devenu un élément vital dans le quotidien des Inuit malgré l’infrastructure insuffisante en place au vu des besoins et de la demande.

 

Le jury composé de :

  • M. Jean-Paul VANDERLINDEN, Professeur, Université Paris-Saclay, FRANCE - Directeur de these
  • M. Stéphane ROUSSEL, Professeur, École nationale d'administration publique, ENAP à Montréal (Canada), CANADA - CoDirecteur de these
  • M. Thomas LINDEMANN, Professeur des universités, Université de Versailles Saint Quentin, FRANCE - Examinateur
  • Mme Dorothée CAMBOU, Assistant professor, Université d'Helsinki, FINLANDE - Examinateur
  • Mme Hélène DE POOTER, Maîtresse de conférences, Université de Franche-Comté, FRANCE - Examinateur
  • M. Ronald HATTO, Professeur, Sciences Po, FRANCE - Rapporteur
  • M. Jean-François SAVARD, Professeur agrégé, École nationale d'administration publique, ENAP en Outaouais (Canada), CANADA - Rapporteur

 

Abstract: While the Arctic, due to the effects of global warming, may become a new global Internet route and connect 70% of the planet's Internet users, Canada is turning away from transarctic internet cable projects. However, those cables, eyed by China and Russia, appear to be strategic and able to serve as a tool of influence and to assert Canadian sovereignty in the Arctic. Although funding the network in Nunavut, through national satellite champion Telesat, the Canadian federal government does not benefit from controlling an undersized satellite telecommunications network that connects the North. By doing so, Canada is giving the opportunity to others, such as China and Russia, to develop transarctic projects that are significant for the global Internet, and thus the possibility for these countries to weigh in the future on the governance of the global internet from the Arctic. The lack of long-term strategy in connectivity and the historical choice of the satellite to connect the North decided by the Canadian federal government has still today effects on how Inuit can connect to the internet or not. At the same time and unlike the Canadian federal government, Inuit in Nunavut has appropriated the Internet, and in particular social networks, and use it to their advantage as a tool for emancipation and empowerment in the cultural and economic fields, but also as a tool of Soft Power in the political field. Despite very limited access to Internet, due to the chronic lack of investment in Canada’s North, Inuit have seized this tool to serve their daily needs, but also their local, national, regional, or international interests. Internet appeared to have become a vital part of the daily lives of Inuit despite the lack of infrastructure available.